dimanche 23 mars 2014

La formation du clergé avant le concile de Trente

Jusqu’aux XIIème - XIIIème siècles, les futurs prêtres (mais aussi les étudiants) sont généralement formés dans les "Ecoles cathédrales1", appelées ainsi parce qu’elles sont situées à proximité des cathédrales et surtout parce qu’elles sont sous la responsabilité et l’autorité de l’évêque du lieu2.
Aux XIIème - XIIIème siècles, les étudiants, devenus très nombreux avec le développement urbain, et issus de plusieurs nations, veulent s’affranchir de la tutelle épiscopale.
Pour se défendre contre les évêques qui veulent conserver le contrôle de l’enseignement et pouvoir choisir librement les professeurs3, les étudiants de Paris désireux d’avoir de meilleurs enseignants, se regroupent en association (universitas) et exigent d’être désormais sous la responsabilité de la papauté ; ce qui leur est accordé par le pape Grégoire IX. Ce dernier, en 1229, confirme l’autonomie de l’université de Paris vis-à-vis de l’épiscopat et son rattachement au Saint Siège.
Parallèlement d’autres universités se créent :
  • en Italie, à Bologne et à Naples.
  • en France, à Montpellier, Toulouse, Orléans et Angers.
  • en Angleterre, à Oxford et Cambridge.
  • en Allemagne, à Cologne.
C’est dans le cadre de ces universités que se lèvent de grands maîtres de théologie. Ils appartiennent en majorité aux nouveaux Ordres mendiants (dominicains et franciscains) préparés par leur Ordre à l’enseignement et aux débats (disputationes). Les plus célèbres étant (au XIIIème siècle), du côté des dominicains, Albert le Grand et Thomas d’Aquin, et du côté des franciscains, Bonaventure et Duns Scot.
Cependant, n’accèdent aux universités que les candidats au sacerdoce les plus fortunés et ceux qui demeurent à proximité de celles-ci.
Les futurs prêtres de campagne (la grande majorité) ne reçoivent que la formation - généralement très succincte - que leur dispensent les pasteurs de leur village.
Les prêtres de campagne qui souvent, se succèdent de pères en fils - car la plupart vivent en concubinage - sont appelés "desservants", pour la simple raison qu’ils remplacent les curés en titre qui préfèrent résider en ville. C’est d’eux que les prêtres desservants reçoivent un maigre salaire communément appelé "portion congrue4".
Pour remédier à la situation des prêtres en milieu rural, le Concile de Trente (1545-1563) - au cours de la 23ème session (l’avant dernière) - décidera de créer des séminaires5 par lesquels devront passer tous les futurs candidats à la prêtrise6.
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1 Appelées aussi "Écoles épiscopales". D’après certains historiens, des Écoles cathédrales remonteraient au IVème siècle, c’est-à-dire au moment où l’empire romain a adopté la religion chrétienne.
2 Certains clercs, en particulier ceux qui se destinent à la vie religieuse, reçoivent leur formation dans les "Écoles monastiques" qui sont attenantes aux monastères.
3 Appelés "écolâtres".
4 Pour avoir une idée de la misère matérielle, intellectuelle, morale et spirituelle des prêtres desservants, il suffit de lire ce qu’en dit Vincent de Paul après avoir sillonné les campagnes de France. Voir "Brève histoire des Conciles". Tome III. (Biographie de Vincent de Paul).
5 en premier lieu des petits séminaires.
6 En France, il faudra attendre le XVIIème siècle pour que soit mise en œuvre la décision du Concile de Trente. Le premier séminaire sera ouvert en 1650, à Viviers en Ardèche.

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