mercredi 10 juillet 2013

Bienheureux Jean XXIII, pape, 1958-1963

Un pape de transition !!

Angelo Giuseppe Roncalli vit le jour le 25 novembre 1881 à Sotto il Monte : un petit village de Lombardie situé près de Bergame.

Ses parents, de modestes métayers, eurent quatorze enfants ; Angelo est le quatrième. Sans être dans la misère, la famille était loin de vivre dans l’aisance. Sur la table, pas de pain, mais seulement un plat de polenta1. Plein d’admiration pour son curé dont il gardera toujours le souvenir, Angelo songea très tôt à devenir prêtre :
« Dès notre enfance, nous n’avons jamais pensé à autre chose qu’à devenir prêtre », écrit-il dans ce qu’il appelle : « son journal de l’âme » qu’il tiendra jour après jour, jusqu’à la fin de sa vie.

De fait, à douze ans, il entre au petit séminaire de Bergame où les élèves sont soumis à une discipline excessivement sévère. Lui-même avoue que c’est grâce à son livre de chevet, "L’imitation de Jésus Christ2" qu’il a reçu de son curé, qu’il parvient à surmonter l’existence éprouvante qu’on lui fait mener.

Après avoir achevé ses études à Rome, c’est là qu’il est ordonné prêtre en 1904 avec pour devise : "Obéissance et Paix". C’est là aussi qu’il a, dit-il, le privilège d’avoir un entretien particulier avec le pape Pie X auquel il vouera toute sa vie une vénération sans borne.

L’année suivante, alors qu’il commence des études de droit, il est nommé secrétaire de l’évêque de Bergame, et chargé en même temps de donner des cours d’histoire de l’Eglise au grand séminaire.

C’est durant cette période qu’Angelo Roncalli traverse une épreuve qui le blesse profondément : après le décret "Lamentabili" du Saint Office et l’encyclique "Pascendi" du pape Pie X qui, en 1907, condamnaient tous ceux qu’on cataloguait de "modernistes", une personne malveillante le dénonce comme tel au Vatican, sous prétexte que dans son enseignement, il ne cachait pas son admiration pour Mgr Duchesne3. Convoqué par un cardinal de la Curie, il doit lui promettre de ne plus jamais se référer à cet auteur pour être autorisé à reprendre ses cours au séminaire.

En 1915, lorsque l’Italie entre également en guerre contre l’Allemagne, Angelo Roncalli connaît un autre genre d’épreuve : enrôlé comme aumônier militaire, il est bouleversé par les souffrances souvent atroces endurées par les soldats blessés.

Démobilisé en 1918, son évêque lui confie, en plus de son enseignement, la responsabilité de directeur spirituel auprès des séminaristes psychologiquement choqués par l’enfer qu’ils ont connu au front.

En fin d’année 1920, alors qu’il venait d’écrire dans son "journal de l’âme" : « Je m’oblige spécialement à chercher la parfaite pauvreté d’esprit dans le détachement absolu de moi-même, en ayant nul souci de postes, de carrière, de distinctions ou autres choses du même genre. Ne suis-je pas déjà trop honoré ainsi, dans la simplicité si haute de mon sacerdoce et de mon ministère, que je n’ai pas cherché, mais que la Providence m’a confié par la voix de mes supérieurs ?», Angelo Roncalli est appelé à une fonction qui va changer totalement le cours de sa vie : il est prié de se rendre à Rome pour réorganiser "l’Oeuvre de la Propagation de la Foi4" .

Après avoir reçu le titre de Monsignore, il s’attelle à sa nouvelle tâche avec un tel zèle et une telle habileté dans ses relations avec les évêques d’Italie mais aussi des différents pays qu’il parcourt5, que le pape Pie XI – après lui avoir conféré le titre d’archevêque – l’envoie, en 1925, en Bulgarie, à Sofia en tant que Délégué apostolique.

*     *

Bien que terre orthodoxe, la Bulgarie abrite de petites Communautés catholiques6 sur lesquelles Mgr Roncalli est chargé de veiller.

Là, il fait preuve de telles qualités humaines et relationnelles qu’il noue de solides amitiés non seulement avec les hauts responsables de l’Eglise orthodoxe mais aussi avec le roi Boris III lui-même. C’est d’ailleurs grâce à cette amitié avec le roi qu’il parviendra plus tard à épargner à de nombreux juifs la déportation en Allemagne.

Pour rejoindre les quelques milliers de catholiques dispersés dans les contrées les plus reculées et les plus accidentées de la Bulgarie, Mgr Roncalli raconte à sa famille qu’il doit souvent se déplacer en barque, à dos de mulet ou dans une charrette tirée par deux bœufs.

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Après une dizaine d’années passées en Bulgarie, c’est sous l’acclamation de la population qu’il doit quitter Sofia pour Istanbul. Rome vient, en effet, de le nommer Délégué apostolique en Turquie et en Grèce.

Comme en Bulgarie, il parvient à tisser de solides relations tant avec les membres du gouvernement républicain turc7 qu’avec les chrétiens orthodoxes de Turquie et de Grèce ; des relations facilitées par le fait qu’en plus du grec qu’il connaissait un peu de par ses études, il s’est mis à apprendre la langue turque8.

Si parmi les nombreuses relations qu’il a nouées dans les trois pays, il a privilégié celles avec la hiérarchie orthodoxe, c’est tellement il a souffert que ceux avec lesquels il a partagé tant de moments fraternels soient séparés de l’Eglise de Rome9.

Après ses vingt années de délégation en Bulgarie puis en Turquie et en Grèce, on comprend qu’un rêve ne cesse de le poursuivre : rétablir l’unité entre les chrétiens.

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En fin d’année 1944, une lettre allait le détacher de ceux qu’il appelait tendrement : « ses fils et ses frères d’Istanbul. ». Contre toute attente, il est nommé nonce apostolique à Paris, à un moment où règne une extrême tension entre le saint Siège et la France : à cette date, le gouvernement français est, en effet, attelé à l’épuration des collaborateurs - parmi lesquels certains prélats - avec l’occupant allemand.

Pourquoi cette tension? Parce que, malgré le désaccord du pape Pie XII qui déclare:
« Il ne peut être question de changer les évêques. Cela ne s’est jamais fait. Ce serait une injustice. Ce serait un précédent. C’est inadmissible », le gouvernement provisoire dirigé par le général de Gaulle exige le départ de Mgr Valerio Valeri, le nonce apostolique, et la destitution de 31 évêques10 accusés de compromission avec le régime de Vichy.

Contraint de céder pour mettre fin au conflit, Pie XII - pour remplacer Mgr Valerio Valeri - fixe son choix sur Mgr Roncalli. Il compte sur ses qualités relationnelles et ses talents de diplomate pour dénouer le grave différend entre Paris et Rome.

Et en effet, avec beaucoup d’habileté, Mgr Roncalli réussit à obtenir que seulement sept prélats soient destitués11 ; un véritable exploit quand on sait tous les écueils auxquels il s’est heurté, mais qu’il est cependant parvenu à surmonter avec l’aide des hautes personnalités politiques12 qui apprirent à le juger au-delà des apparences ; avec l’aide aussi, du philosophe Jacques Maritain très écouté au Vatican.

Alors même que certains le considéraient comme quelqu’un de "bonasse" ou de "lourdaud", Mgr Roncalli écrivait dans "son journal de l’âme" :

« Je laisse à d’autres les excès de la finesse et de la prétendue habileté diplomatique, et je continue à me contenter de ma bonhomie et de ma simplicité de pensée, de parole et de comportement. En somme, les choses tournent toujours à l’avantage de celui qui reste fidèle à la doctrine et aux exemples du Seigneur. »

Cette affaire réglée, une autre, très douloureuse, l’attendait : celle des prêtres-ouvriers. Depuis 1943, la Mission de Paris, fondée par le cardinal Suhard, s’était fixée pour objectif de se consacrer à l’évangélisation des populations ouvrières déchristianisées. Très préoccupé par cette déchristianisation, Mgr Roncalli, au début de sa nonciature, regarde avec beaucoup de sympathie l’expérience des prêtres-ouvriers : « J’admire, j’encourage, je bénis » dira t-il, à leur sujet.

Mais au fil du temps il devient de plus en plus réticent, jusqu’à déclarer : « L’état des prêtres-ouvriers apparaît plus que jamais incompatible avec l’esprit sacerdotal. » - une réticence qui s’accentue de jour en jour, d’autant plus qu’il apprend que le pape Pie XII est farouchement opposé à l’initiative prise par la Mission de Paris.

Bien que répétant aux prêtres-ouvriers - par amitié pour le cardinal Suhard qu’il estimait beaucoup - « je ne suis pas venu ici pour faire la police », il sentait venir le jour où Pie XII lui intimerait l’ordre de faire cesser l’expérience des prêtres-ouvriers13 ; une épreuve qui lui sera en partie épargnée car, en janvier 1953, il recevait une lettre du pape lui-même lui annonçant qu’il le nommait patriarche de Venise14.

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A Venise comme ailleurs, son ministère est très apprécié de l’ensemble de la population. Il sera cependant relativement court puisque le 9 octobre 1958 mourait le pape Pie XII.

Accompagné par une immense foule de fidèles, le cardinal Roncalli quittait Venise pour participer à l’élection d’un nouveau pape.

Souhaitant, pour la plupart, désigner un pape de "transition", les 51 cardinaux - après trois jours de conclave et dix tours de scrutin infructueux - finirent par fixer leur choix sur le patriarche de Venise alors âgé de 77 ans15.

Ainsi, le 28 octobre 1958, Angelo Roncalli, le pauvre de Sotto il Monte, fils de paysan, devenait le 261ème pape de l’histoire.

Lorsque le cardinal Tisserant, doyen du Sacré Collège16, lui demande s’il accepte l’élection, il répond avec beaucoup d’émotion et en même temps avec beaucoup d’humilité : « En écoutant votre voix, j’ai frémi et j’ai craint. Ce que je sais de ma pauvreté et de mon humilité suffit à me confondre. Mais comme je vois dans le choix de mes frères éminents, les cardinaux de notre Sainte Mère l’Église Romaine, l’expression de la volonté de Dieu, j’accepte l’élection qu’ils ont faite. Je m’incline très profondément devant le calice d’amertume et le poids de la croix. »

Tandis que le cardinal Tisserant lui posait la question : « Comment veux-tu t’appeler ? », à la surprise générale Angelo Roncalli lui répondit, sans la moindre hésitation : « Je m’appellerai Jean. Ce nom Nous est doux. ».

Quand il reçut la tiare, il entendit ces mots : « Sache que tu es père des princes et des rois, le pontife du monde entier et le Vicaire du Christ sur terre. » Jean XXIII devenait ainsi le 23ème pape de l’histoire à porter ce prénom17.

En écoutant l’homélie que faisait Jean XXIII le jour de son couronnement, dans laquelle il affirmait le caractère essentiellement pastoral du ministère papal, la majorité des cardinaux étaient rassurés : ce vieux pape paisible et à l’allure bonhomme18 serait bien le pape de "transition" qu’ils souhaitaient.

Ils étaient loin de s’imaginer que trois mois après son élection, le 25 janvier 1959, Jean XXIII allait annoncer l’ouverture d’un Concile œcuménique19, et déclencher un véritable séisme dans l’Eglise catholique. Ce Concile, appelé Vatican II, sera solennellement convoqué le 25 décembre 1961 par la bulle "Humanae salutis".

A ses collaborateurs immédiats terrifiés par la perspective du travail qui les attendait, le pape leur fera calmement cette réponse : « Ne vous inquiétez pas. Quoi que nous fassions, nous ne serons jamais à la hauteur de la tâche, mais Dieu nous aidera. En matière de Concile, nous sommes tous des novices. »

A l’approche du Concile Vatican II qui devait s’ouvrir le 11 octobre 1962, Jean XXIII, voulant préparer spirituellement tous les chrétiens, publia l’encyclique : "Penitentiam agere" demandant aux fidèles du monde entier de prier « pour qu’une ère nouvelle et belle se lève pour le catholicisme ».

Lui-même se retire dans la tour Saint-Jean20 pour une retraite d’une semaine et se rend en pèlerinage à Lorette21 puis à Assise.

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A sa devise "Obéissance et Paix", Jean XXIII aurait pu ajouter un troisième terme : "Unité", tant il souffrait des déchirures qui, au cours des siècles, s’étaient produites dans l’Eglise du Christ ; une souffrance qui s’était fortement accrue lors de ses nombreuses rencontres avec les chrétiens orthodoxes de Bulgarie, de Turquie et de Grèce avec lesquels il avait réellement fraternisé : « Chrétiens catholiques et orthodoxes ne sont pas des ennemis mais des frères. », répétait-il souvent.

C’est dans cette volonté de réconciliation que, deux ans avant l’ouverture du Concile, il crée le "Secrétariat pour l’Unité des chrétiens" dont il confie la présidence au cardinal Bea22 ; et cela en dépit des fortes réticences de plusieurs membres de la Curie.

Déjà, dès l’annonce du Concile, Jean XXIII avait invité, en des termes très chaleureux, tous les hauts responsables des Eglises séparées (orthodoxes, luthériennes, calvinistes, anglicanes) à participer au Concile en tant qu’observateurs23.

Concernant les juifs – n’ayant pas oublié tous ceux qu’il avait rencontrés lors de ses différentes délégations et qu’il avait tenté d’arracher à la barbarie nazie - Jean XXIII ne manquera jamais de saisir toutes les occasions pour dialoguer avec eux et leur exprimer sa sympathie. On peut dire que grâce à ses nombreuses relations avec eux, il fera évoluer en profondeur l’attitude de l’Eglise à l’égard du Peuple juif.

A ce sujet, c’est le pape lui-même qui décidera de modifier la litanie du Vendredi Saint demandant aux fidèles - en des termes plus que blessants - de prier pour les juifs "perfidis24". En fin d’année 1960, il la fera remplacer par la formule suivante : « Prions pour les juifs à qui Dieu a parlé, en premier : qu’ils progressent dans l’amour de son nom et la fidélité à son Alliance. »

Profondément marqué par les millions de victimes des deux guerres mondiales, l’encyclique "Ad Petri cathedram" qu’il publie en juin 1959, est un appel à la paix :

« Les hommes ont assez combattu entre eux. Trop de jeunes gens, dans la fleur de l’âge, ont versé leur sang, trop de cimetières de soldats nous admonestent d’une voix sévère ; il faut arriver avant tout à la concorde, à l’unité et à une paix juste. »,

En octobre 1962, sollicité comme médiateur, en pleine "guerre froide25", il envoie aux Soviétiques et aux Américains ce message poignant :

« Qu’ils écoutent le cri d’angoisse qui, en tous points de la terre, des enfants innocents aux vieillards, des individus aux communautés, monte vers le ciel : paix ! paix !...
Nous supplions tous les gouvernants de ne pas rester sourds à ce cri de l’humanité. Qu’ils fassent tout ce qui est en leur pouvoir pour sauver la paix. Ils éviteront ainsi au monde les horreurs d’une guerre dont il est impossible de prévoir les terribles conséquences. Qu’ils continuent à négocier
… »

Le message du pape suscita un tel écho, que la presse tant soviétique qu’américaine en publia de larges extraits. Quelques jours après, Khrouchtchev et Kennedy acceptaient de négocier et évitaient à l’humanité une tragédie sans précédent26.

La contribution la plus manifeste de Jean XXIII à la paix est incontestablement la huitième et la dernière encyclique de son pontificat : "Pacem in terris", publiée en avril 1963, le jour du Jeudi Saint27.

Dans cette encyclique qu’il adresse non plus aux seuls catholiques mais « à tous les hommes de bonne volonté », il déclare que la paix n’est pas seulement l’absence de guerre. Pour que la paix soit solide et durable, écrit-il, elle doit reposer sur quatre idéaux : la vérité, la justice, la liberté et la solidarité entre les hommes. Concrètement, l’encyclique exige « l’arrêt de la course aux armement, la proscription de l’arme atomique et la mise en œuvre d’un désarmement dûment effectué d’un commun accord et accompagné de contrôles efficaces » et l’assistance des pays riches auprès « des pays moins favorisés. » ; un sujet que l’encyclique "Mater et Magistra28" avait déjà traité.

En outre l’encyclique reconnaissait la promotion des femmes comme un signe des temps, approuvait le dialogue entre croyants et incroyants et posait les bases d’un principe de liberté religieuse.

*     *

Alors qu’il était en Turquie en tant que Délégué apostolique, Jean XXIII écrivait dans son "Journal de l’âme" : « Je me sens encore jeune de santé et d’énergie, mais je ne prétends à rien. Quand vous voudrez (Seigneur), je suis prêt

« Je suis prêt ». C’est sans doute les mots qu’il a dû prononcer lorsque le 23 septembre 1962, le pape apprenait de son médecin qu’il était atteint d’un cancer à l’estomac qui ne lui laissait que quelques mois à vivre.

En effet, dès le premier juin 1963, il doit garder constamment le lit  parce qu’il n’a même plus la force de célébrer la messe.

Après avoir prononcé ces mots qui résument toute son œuvre : «J’offre ma vie pour l’Eglise, la continuation du Concile œcuménique, la paix du monde et l’union des chrétiens. », il demanda qu’on lui fasse la lecture du livre qu’il avait toujours auprès de lui : "l’Imitation de Jésus Christ".

Le 3 juin au soir, alors qu’une foule de plus en plus nombreuse était en prière sur la place Saint Pierre, Jean XXIII rendait son dernier soupir.

La délicatesse et la bonté dont Jean XXIII a toujours fait preuve à l’égard des autres confessions chrétiennes et du judaïsme expliquent pourquoi, durant son agonie, des orthodoxes, des protestants et des juifs se sont mêlés à la foule des fidèles catholiques en prière sur la place Saint Pierre.

Ainsi s’achevait la vie d’un grand pape qu’on avait cru n’être qu’un « pape de transition29 !»

L’annonce de son décès provoqua une telle émotion, qu’entre sa mort et ses funérailles, plus d’un million de personnes, trois jours durant, défilèrent devant le cercueil de celui qu’unanimement on appelait « le bon pape Jean ».

Au lendemain de sa mort, le Père Congar exprimera dans son "Journal du Concile" ce que beaucoup ressentaient : « Jean XXIII a changé profondément la carte religieuse et même humaine du monde : simplement en étant ce qu’il a été.

Il n’a pas procédé par grands exposés d’idées, mais par des gestes et un certain style de sa personne. Il n’a pas parlé au nom du système, de sa légitimité, de son autorité, mais simplement au nom des intuitions et du mouvement d’un cœur qui, d’un côté obéissait à Dieu et, d’un autre, aimait les hommes, ou plutôt faisait les deux choses du même mouvement…

Tout le monde a eu le sentiment, en Jean XXIII, de perdre un père, un ami personnel, quelqu’un qui pensait à lui et l’aimait
. »

Quelques jours après sa mort, un certain nombre d’évêques demeurant à Rome tentèrent de le faire canoniser par acclamation, mais le pape Paul VI, son successeur, s’y opposa30. Cependant, quelques jours avant la fin du Concile, il autorisait l’ouverture de la cause de béatification du pape Jean XXIII.

C’est sous le pontificat du pape Jean-Paul II que, le 3 septembre 2000, Jean XXIII sera élevé au rang de "bienheureux".

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1 Bouillie à base de maïs.
2 Livre de spiritualité du XVème siècle écrit très probablement par Thomas a Kempis, un moine allemand appartenant à l’école mystique qui s’étendait sur les deux rives du Rhin. Ce livre sera le guide spirituel d’Angelo Roncalli toute sa vie durant.
3 Mgr Louis Duchesne (1843-1922) est un spécialiste de l’histoire primitive de l’Eglise qu’il présente à partir des dernières découvertes archéologiques. Certains de ses ouvrages furent mis à l’Index.
4 Fondée en 1822 à Lyon par Pauline Jaricot pour sensibiliser les chrétiens à l’action missionnaire.
5 Dont la France. C’est d’ailleurs durant son séjour en France qu’il apprend le français.
6 Ces Communautés catholiques, anciennement orthodoxes, sont appelées "uniates" parce qu’elles ont rejoint l’Eglise de Rome tout en gardant leur liturgie, leur tradition et leur organisation.
7 Sous la direction de Mustapha Kemal (1882-1939), la Turquie est devenue une République laïque.
8 Il exige que les prêtres catholiques de Turquie apprennent la langue turque et lisent les prières et les textes scripturaires en turc.
9 Depuis le schisme de 1054, date à laquelle l’Église d’Orient de celle de l’Occident se sont séparées.
10 Dont l’archevêque de Paris, le cardinal Suhard à qui on reproche d’avoir accueilli le maréchal Pétain à la cathédrale Notre-Dame.
11 A savoir, l’archevêque d’Aix en Provence, l’évêque d’Arras et celui de Mende.
12 Très vite, grâce à sa finesse d’esprit et sa bonté, Mgr Roncalli a su se faire apprécier de personnalités politiques de tous bords.
13 Quand Mgr Roncalli sera élu pape, lui aussi interdira, en 1959, l’expérience des prêtres au travail.
14 Nommé cardinal, peu avant son départ pour Venise, c’est le président de la République, Vincent Auriol, avec lequel il entretenait de cordiales relations, qui lui remet la barrette rouge de cardinal.
15 Le cardinal Roncalli recueillit sur son nom 38 des 51 suffrages exprimés.
16 On appelle ainsi, depuis le XIIème siècle, l’ensemble des cardinaux.
17 En prenant le nom de Jean XXIII, Angelo Roncalli - en fin connaisseur de l’histoire de l’Église – entendait confirmer que le Jean XXIII qui, au moment du Grand schisme d’Occident, au XVème siècle, avait usurpé le titre de pape, était un antipape déposé au Concile de Constance en 1415.
18 Qui contrastait fortement à celle, très aristocratique, du pape Pie XII.
19 Le 21ème Concile œcuménique de l’histoire de l’Église.
20 Un vieux donjon datant du Moyen Âge construit dans l’enceinte du Vatican.
21 Sanctuaire marial situé en Italie, au bord de l’Adriatique. Il est un des lieux de pèlerinage les plus importants de toute l’Europe.
22 Un jésuite allemand militant depuis longtemps en faveur de la réconciliation entre tous les chrétiens.
23 Au moment de l’ouverture du Concile, il exigera que ces observateurs ne soient pas relégués au fond de la basilique Saint Pierre, mais placés près de l’autel.
24 Bien que ce mot latin signifie non pas "perfides" mais "infidèles", Jean XXIII avait parfaitement conscience que ce mot, avait revêtu au cours des siècles, une signification péjorative.
25 Au moment de la crise de Cuba qui opposa les Etats-Unis à l’URSS à propos de l’installation de fusées soviétiques à Cuba.
26 L’intervention du pape fut tellement appréciée en Russie que la propre fille de Khrouchtchev et son mari se rendirent au Vatican pour le rencontrer. Il interviendra également pour que les Etats-Unis n’installent pas de rampe de lancement de missiles à la frontière allemande. Aux Etats-Unis, il fut choisi comme « l’homme de l’année 1962 ».
27 Cette encyclique, considérée par beaucoup comme le testament spirituel de Jean XXIII, eut un immense retentissement dans le monde.
28 Publiée en mai 1961, à l’occasion du 70ème anniversaire de l’encyclique sociale "Rerum novarum" du pape Léon XIII, l’encyclique "Mater et Magistra" analyse et essaye de répondre aux problèmes posés par la croissance démographique, le développement industriel et le sous-développement à l’échelon mondial.
29 « Non pas un pape de transition, dira le Père Congar, mais un pape qui permettra à l’Eglise d’opérer une véritable transition. »
30 Craignant que cette initiative ne crée un précédent.

1 commentaire:

  1. Monsieur Volle,
    Je viens de découvrir votre blog "Hervé Poulet" sur l'histoire des conciles et ai remarqué - avec étonnement - que, dans votre texte sur le bienheureux Jean XXIII, vous aviez fait des "emprunts" plus que notables (phrases entières, citations, notes, etc.) à la biographie que j'ai rédigée en 2008 chez Desclée de Brouwer !
    Cela serait aimable de votre part de mentionner clairement, juste après le titre, que votre texte s'inspire du livre "Petite Vie de Jean XXIII" rédigé par Xavier Lecoeur, chez DDB, en 2008.
    Dans cette attente, je vous prie d'agréer, Monsieur, l'assurance de ma considération distinguée.
    M. Xavier Lecoeur
    auteur et journaliste

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